Article de Joël de Rosnay pour la revue du Cube. 5 mai 2015
Parmi les changements les plus significatifs de l’immersion dans l’écosystème numérique, il faut noter la co-éducation, le partage intercréatif et la personnalisation. Désormais, c’est l’abondance de variété et de diversité que le politique va devoir gérer, lui qui s’était habitué à un univers régit par les statistiques, les probabilités et les sondages d’opinions. Ce décalage des politiques face à la nouvelle démocratie des réseaux a été décrit par Laure Belot, dans son remarquable livre, « La Déconnexion des élites » (Éditions des Arènes, 2015). L’auteure souligne le fossé entre pensée et action politique traditionnelle et l’émergence de la génération du « millenium » à l’échelle internationale.
Un tel décalage est la conséquence d’un changement de paradigme et d’un saut culturel. La pensée cartésienne, analytique, linéaire, séquentielle et proportionnelle, partagée par tant de décideurs politiques et industriels, formés aux mathématiques et au droit, appartient à l’ancien paradigme. La culture de la complexité qui est partie intégrante du nouveau paradigme se réfère à la pensée systémique, au non linéaire, au multidimensionnel et intègre la dynamique due aux effets d’amplification. Les caractéristiques du nouvel espace économique, social et culturel immatériel de l’écosystème numérique, échappent aux analyses de ceux qui vivent et raisonnent sur les bases de l’ancien paradigme. Elles leur sont invisibles.
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