D'où nous vient cette fascination pour les catastrophes et autres mauvaises nouvelles ? Serions-nous tous des voyeurs morbides ? Cette curiosité malsaine est indissociable de la nature humaine. par Joël de Rosnay dans La Tribune du 24 novembre 2014
Les médias sont régulièrement accusés d'abreuver les masses de nouvelles dramatiques. Mais si nous n'étions pas des consommateurs avides des informations qui font peur, ils cesseraient de les diffuser, au lieu de pratiquer cette surenchère permanente. D'où nous vient cette fascination pour les catastrophes et autres mauvaises nouvelles ? Serions-nous tous des voyeurs morbides ? Cette curiosité malsaine, est pourtant indissociable de la nature humaine.
Dans un article, publié sur AgoraVox en 2005, je m'interrogeais sur la « société de mise en scène de la peur » selon l'expression du philosophe Michel Serres, qui n'hésitait pas à parler « d'audimat de la mort » en observant que les nouvelles catastrophiques dominaient dans les vingt premières minutes des journaux radio et télé. Si les chaînes d'information continue sont connues pour diffuser en boucle les nouvelles les plus angoissantes, la presse écrite n'y échappe pas. Même chose sur les réseaux sociaux, qui relaient dans le monde entier et en un temps record les faits divers les plus sordides.
Luc Ferry, quant à lui, parle d'un « audimat de l'indignation » (le Figaro 30 janvier 2013) : « Les démocraties (...) favorisent quatre sentiments puissants qui irradient dans tout le peuple : la colère, la jalousie, la peur, et finalement (...) l'indignation. Parce que ces passions sont les plus faciles et les plus universelles, parce qu'elles animent la « France d'en bas » comme celle « d'en haut », elles sont le premier et principal carburant de l'audimat ».
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